Les différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Les différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Problème épineux, stress pour certains, simple question d’organisation pour d’autres : la recharge d’une voiture électrique pose question. Comment recharger à domicile, sur borne publique, lente ou rapide ? Difficile d’y voir clair sans un coup de projecteur pour clarifier les choses et ceux de la piste du cirque Micheletty, où se déroule le salon Caradisiac Electrique/hybride 2021, conviennent parfaitement.

Les différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Il existe plusieurs comportements types des utilisateurs au quotidien de voitures électriques. Le « biberonnage » est l’un d’entre eux. Derrière ce terme admis au Larousse se cache la recherche permanente d’un appoint en énergie à chaque occasion, c’est-à-dire à chaque fois que la voiture est garée quelque part, pour une recharge partielle successive. Un parking, une rue, une entreprise, une grande surface : il y a souvent moyen de trouver une borne permettant de se raccorder au réseau et de récupérer quelques kilomètres d’autonomie, peut-être ceux qui risquent de manquer le jour « J », celui où le conducteur connaîtra le stress que tout utilisateur de véhicule électrique veut à tout prix éviter, le moment où les dernières forces de la batterie sont épuisées. Précisément le moment où notre confrère Pierre Desjardins arrive au bout de ses fameux tests d’endurance électrique !

dailymotionLes différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Les différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

D’autres connaissent leurs trajets et les capacités de leur voiture et, avec une routine bien rodée, ils savent que leur batterie suffira largement à effectuer leur trajet quotidien. C’est vrai dans la grande majorité des cas : la moyenne des déplacements n’excède pas une cinquantaine de kilomètres alors que les voitures électriques (V.E.) du marché offrent entre 100 et 400 km réels d’autonomie, selon le type de trajet (les meilleures valeurs kilométriques sont obtenues en ville, les pires sur autoroute) et la saison (les basses températures de l’hiver ont une incidence négative sur les performances des batteries). Ils rechargeront probablement soit la nuit, chez eux (c’est ce que font la plupart des utilisateurs de véhicules électriques en France), soit la journée, au bureau, peut-être pas chaque jour, mais selon leurs besoins en autonomie. N’oublions pas que la charge de nuit est à la fois la plus pratique et celle qui monopolise le moins d’énergie. Résultat, les coûts sont également divisés grâce aux heures creuses.

Enfin, certains improvisent et n’hésitent pas à prendre la route pour de plus longs trajets. Ce sont eux qui généralement connaissent les plus grandes frayeurs de panne « sèche ». Un sondage Ipsos rendu public fin 2020 par Avere-France auprès d’utilisateurs de véhicules électriques ou hybrides rechargeable rappelle qu’ils sont conquis (96 % sont satisfaits de leur achat, 70 % très satisfaits), mais aussi que la recharge (3 fois par semaine en moyenne) est toujours un point problématique. Si 70 % d'entre eux peuvent recharger leur voiture à domicile, 68 % des personnes sondées se disent pas du tout satisfaites ou plutôt pas satisfaites des bornes de recharge ouvertes au public (voirie, parking privé accessible au public, etc.) en raison des pannes trop fréquentes ou du stationnement de véhicules thermiques sur des places dédiées à la recharge. Il reste donc des progrès à faire !

Voici un exemple concret de temps de charge : une Peugeot e-208 et sa batterie de 50 kWh a besoin de presque 25 heures pour atteindre 80 % de charge sur une simple prise domestique, alors qu’il suffira de 4,03 heures de charge sur une wall box AC de 11 kW (à condition d’avoir le chargeur embarqué adapté) ou 6,02 heures en 7,4 kW. Dans une station de charge rapide CCS DC 100 kW, 80 % de la batterie sera chargée en juste 30 minutes Petit rappel : les derniers 20 % de charge (de 80 à 100 % de la capacité utile de la batterie) sont beaucoup plus lents, et la charge ne part jamais de 0 %, donc les temps de charge classiques au quotidien, de 20 à 80 %, sont plutôt inférieurs.

Quant au prix, il est très variable selon les sources d’approvisionnement et le plein moyen serait évalué à moins de 2 €/100 km, soit 70 % de moins qu’avec un moteur à explosion. Mais il peut aussi exploser, par exemple sur une borne rapide Ionity sur autoroute, jusqu’à 0,79 €/min (la tarification française est passée à la minute cette année), soit plus cher que l’essence !

PETIT LEXIQUE "ELECTRIQUE"

À : intensité du courant électrique en ampères.

kVA : charge en kilovoltampères, mesure la puissance électrique d’une installation.

kW : puissance (1 kW = 1 000 watts).

kWh : quantité d'énergie électrique, utilisée pour mesurer la taille d’une batterie.

V : tension en volts.

RFID : Radio Frequency Identification, soit la technologie permettant un enregistrement ou paiement sans contact avec une carte équipée.

1 - La charge à domicile : la nuit pour assurer la chargeLes différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Le domicile est le lieu principal de recharge pour l’immense majorité des propriétaires de voitures électriques. Les habitants de maisons individuelles sont les plus avantagés, car ce sont eux qui peuvent le plus facilement accéder à une simple prise ou faire monter une prise spécifique sous la forme de ce qu’on appelle une wall box (boîte murale, qui peut revêtir plusieurs formes).

Dans un immeuble, si des incitations et des aides sont disponibles, il n’est pas toujours possible de faire accepter par la copropriété l’installation d’une prise résultant du choix de cette énergie alternative pour un seul habitant, même si un « droit à la prise » est dans les textes. Certaines sociétés spécialisées (comme Zeplug) peuvent prendre en charge ces démarches.

Prise normale : l’universelle

Chaque voiture électrique est fournie avec un câble permettant la simple recharge sur une prise 220 V, généralement protégé par un boîtier électronique régulant la charge. À 8 à 10 ampères, la charge est lente mais en une nuit, certains seront rechargés et prêts à repartir à pleine capacité au matin (compter 10 à 30 h pour une charge complète). Cela paraît simple, c’est en effet faisable mais au quotidien, mieux vaut a minima faire vérifier son installation par un électricien, car la recharge d’une voiture a des contraintes plus fortes pour le réseau qu’un usage ordinaire et cela pourrait amener à des surchauffes. De même que pour le four dans la cuisine, l’installation doit être idéalement plus solide. C’est pour cela qu’une prise spécifique renforcée ou, mieux, une wall box est très recommandée.

EN RÉSUME

Wall box : l’optimisée

Avec une prise spécifique pour la recharge d’un véhicule, ce que l’on appelle « wall box », la charge est plus rapide (jusqu’à 7,4 kW) et se fera dans la nuit sans souci, mais surtout, elle est plus sécurisée et souvent, programmable. L’installation se fait par un spécialiste agréé et peut coûter entre 800 et 1 600 € selon le site https://easyelectriclife.groupe.renault.com. Certains constructeurs proposent des tarifs réduits, voire la gratuité pour l’installation d’une wall box accompagnant le premier achat d’une voiture électrique que leur gamme. D’autre part, pour 2021, un nouveau crédit d'impôt pour l’acquisition et la pose d'un système de charge pour véhicules électriques devrait être mis en place. Il est fixé à 75 % du montant des dépenses pour l'acquisition et la pose de la borne de recharge, dans une limite de 300 € par borne et peut aussi être appliqué pour les résidences secondaires.

EN RÉSUMÉ

2 - Les bornes publiques

Selon votre lieu d’habitation, vous trouverez des configurations très différentes. Il est très important de se renseigner avant l’achat d’un véhicule électrique sur les possibilités de charge autour de chez soi. D'autant que toutes les stations ne sont pas compatibles avec tous les types de prise.

Les différents types de recharge électrique - Salon Caradisiac Electrique/Hybride 2021

Certains d’entre vous (c’est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…) se souviennent peut-être de la guerre des standards qui a accompagné l’arrivée des magnétoscopes à la fin des années 70… Betamax, V2000 et VHS se sont disputés à coups de parts de marché avant qu’un seul ne survive à cette guerre commerciale. C’est le VHS qui a emporté la mise et a régné sur le marché des cassettes vidéo, avant de laisser la place au DVD, puis à la dématérialisation complète. Digression ? Certes. Mais le parallèle était tentant pour décrire les différents standards de prises de recharge publiques qui ne sont pas moins de 5, avec des contraintes techniques (puissance…) qui ne sont pas toujours les mêmes selon les cas…

Mais, bonne nouvelle, les choses évoluent et il semble que l’on se dirige vers une généralisation en Europe de la prise de Type 2 (3 à 43 kW de puissance), voire de type Combo (ou CCS). Les prises de Type 3 sont peu utilisées de nos jours, tandis que le standard rapide CHAdeMO est toujours prisé par les constructeurs japonais. Heureusement, les bornes de recharge proposent généralement différentes connectiques (prises femelles ou câbles mâles) et les stations avec une prise compatible avec votre auto peuvent être facilement identifiées avec une appli adéquate (voir encadré).

Aujourd’hui, selon l’AVERE (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), on compte près de 30 000 points de recharge en France, avec un objectif de 100 000 à la fin de 2021 dans le cadre de la Loi Mobilités. Un chiffre qui correspond à un point de recharge pour huit voitures électriques (ou un sur 10 en comptant les hybrides rechargeables), ce qui correspond à ce que requièrent les autorités européennes.

A. Les bornes de charge normale : patience

De 3,7 à 7 kVA, les prises de charge dite « normale » sont capables de recharger une batterie de capacité moyenne en une nuit. C’est le cas des quelque 1 000 bornes ex-Autolib en île-de France qui sont accessibles moyennant une carte d’abonnement. Les prix sont sensiblement comparables avec les bornes parisiennes Belib (bientôt reprises en mains par Total), mais elles donnent, elles, le choix entre charge normale et rapide.

Notons que l’on parle de charge accélérée (22 kVA ou 32 A triphasé) pour les points de puissance intermédiaire, comme dans certaines stations-service ou certains parkings de grandes surfaces (E. Leclerc, Cora, Auchan, Ikea…). Ils donnent aussi la possibilité aux véhicules plus limités en charge de le faire à une vitesse lente compatible avec leur système de gestion de batteries.

Idéalement, utiliser une appli qui centralise tous les points de recharge permet d’être le plus informé possible pour ce qui vous concerne (voir encadré).

Réseaux : parking et petite charge

Dans la plupart des cas, l’accès aux bornes de recharge ne peut se faire de manière spontanée, il faut une carte d’abonnement, voire prendre contact sur place pour demander l’accès. C’est le cas de Belib à Paris, Vinci Park, Kiwhi Pass ou ElectriCité Seine Aval par exemple. Ou encore Indigo qui, avec leur partenariat avec Sodetrel (filiale d’ERDF), vont atteindre à terme 600 stations de charge dans leurs parkings.

EN RÉSUMÉ

B. Les bornes de charge rapide : au plus proche du plein d’essence

Le parc des stations rapides (de plus de 50 kW de puissance) représente 6 % du parc de bornes publiques, alors que 68 % propose une charge dite « accélérée » (11 à 49 kW) et 26 % une charge normale. Là, il est possible, le temps d’une pause café, voire d’un déjeuner (20 à 40 min pour revenir à 80 % de capacité), de totalement recharger ses batteries pour repartir pour une longue distance. Idéalement, ici aussi, utilisez une appli qui centralise tous les points de recharge pour être le plus informé possible selon vos besoins. Les bornes à recharge en courant continu (DC) peuvent proposer des puissances de charge impressionnantes, à l’image du réseau Ionity, jusqu’à 350 kW (même si aucun véhicule d’aujourd’hui n’est compatible).

Réseaux : déploiement à pleine puissance

Les fameux superchargeurs Tesla (jusqu’à 250 kW) maillent désormais la France, avec 74 stations et 640 points de charge, dont certaines sur autoroute ou près d’une sortie. Le tarif (pour ceux qui n’ont pas la chance de posséder un modèle pour lequel la recharge est gratuite) est raisonnable avec 0,24 €/kWh.À Paris, les stations Belib (à ne pas confondre avec Velib !) proposent plusieurs points de charge normale et rapide.

Sur autoroutes et voies rapides, le réseau Corri-Door de Izivia (groupe EDF) avait de grandes ambitions mais a démantelé malheureusement la plupart de ses 217 bornes début 2020 à cause de problèmes techniques. Les autorités visent à terme un maillage des grands axes avec une inter-distance d’environ 150 km. Aujourd’hui c’est le réseau Ionity qui bénéficie du plus grand développement, avec un premier objectif de 80 stations. Mais attention, les tarifs sont fort élevés pour les véhicules des marques ne faisant pas partie du consortium Ionity (Audi, BMW, Ford, Hyundai, Kia, Mercedes, Porsche, Volkswagen) : 0,29 à… 0,79 €/min. Total vise à développer un réseau de stations de charge rapide entre 43 et 175 kW (115 stations d’ici 2022). Le réseau néerlandais Fastned va en outre déployer 9 stations sur les autoroutes françaises.

Et en régions et dans les villes, de nombreuses solutions sont mises en place comme en Vendée (SyDEV) ou en Bretagne avec Brev’Car – il est impossible de toutes les lister ici. Les concessionnaires de certaines marques comme Renault jouent aussi le jeu, avec plus de 400 sites pour la marque au Losange, qui propose aussi sa carte Z.E. Pass, liée à l’application du même nom, qui permet de trouver les bornes dans la zone désirée, avec la possibilité de payer directement dans l’application.

EN RESUME

LES BORNES DE CHARGE PUBLIQUES EN BREF (prix par plein, hors abonnement)

1 - Sans abonnement

a. Gratuites (Tesla, Ikea, supermarchés Auchan, E. Leclerc, certaines communes…), en charge normale ou rapide selon les cas.

b. Payantes (hôtels…), environ 3 à 20 €.

2- Avec abonnement

a. Pour un réseau (Ionity sur les autoroutes, Belib à Paris…), environ 5 à 50 €.

b. Multiréseau (Chargemap, Kiwhi Pass…), environ 5 à 60 €.

LES APPLIS ET SITES POUR TROUVER "SA" STATION

La plus connue et reconnue est l’application ChargeMap, forte de plus de 600 000 membres d’après ses créateurs, et avec les meilleures notations des utilisateurs. Toutes les indications d’usage, paiement, aspects pratiques régulièrement mises à jour de manière communautaire s'y trouvent. Notons aussi les applis Nextcharge et Plugshare.

Notons aussi par exemple la carte mise à jour par Renault.fr (données Gireve), ou celle des stations d'autoroutes du réseau Corri-door. Certains départements proposent aussi des sites indiquant tous leurs points de charge. Enfin, chacun des standards de prise propose sa carte actualisée en ligne, comme CHAdeMo, Combo CCS, Tesla Supercharger et les prises de Type 2, ou encore la Compagnie du Rhône qui équipe la Vallée du Rhône.

Bilan : étudier l'infrastructure avant d'acheter !

Rouler électrique est une décision qui doit être bien réfléchie, gardant en tête l’usage que l’on aura, l’infrastructure existante et les coûts en jeu. On ne peut pas faire avec une voiture électrique tout ce que l’on fait avec un modèle thermique ou hybride. Mais dans de nombreux cas, l’électrique est une solution de bon sens tout à fait appréciable au quotidien, une fois que l’on a cerné les possibilités de recharge pour s’épargner tout stress inutile.

Il faudra toutefois composer avec les multiples standards de prises de charge, la complexité des accès aux différents réseaux et leurs charges plus ou (beaucoup) moins rapides. Il faudra aussi se faire à l’usage des applications spécifiques qui aident et guident pour mieux vivre ses trajets électriques au quotidien.

Profitez-en aujourd’hui, le parc électrique reste limité et les points de recharge ne sont pas saturés. Car qu’en sera-t-il si les véhicules électriques connaissent l’essor qu’on leur prédit ?